Comment travailler ensemble lorsque l’on provient de cultures différentes ?

La Lettre (Accueil Francophone), March 2013

Le 50eme anniversaire de l’amitié franco-allemande célébré à Berlin le 22 janvier dernier marque le point d’orgue du long chemin parcouru ensemble par ces deux pays depuis la signature du traité de l’Elysée en janvier 1963.

En effet, avec ou sans traités et avec ou sans célébrations, travailler ensemble – que ce soit en politique ou en affaires – représente un réel défi.

Ce défi est quotidiennement relevé par ceux qui ont fait le choix de s’expatrier et de travailler dans un pays différent du leur, ou par ceux qui travaillent à l’international avec des expatriés d’un autre pays que le leur.

Déjà à mon arrivée dans cette ville il y a plus de dix-sept ans, j’avais été subjuguée, fascinée et attirée par les différents modes relationnels entre ces diverses nationalités européennes. Et j’ai ainsi appris à travailler avec des personnes provenant d’environnements aussi spécifiques que la France, l’Allemagne et la République tchèque, et fonctionnant avec des modes de communication particuliers et des interactions variées.

Car si le sens de l’histoire a rapproché ces trois nations, pour le meilleur aujourd’hui, elles n’en restent pas moins de cultures tout à fait uniques et différentes. Le défi réside dans leur compréhension mutuelle et réciproque : ce qui pourrait être perçu comme une faiblesse dans une culture sera ressenti comme un atout dans une autre, et, chacune ayant un rôle à tenir sur l’échiquier européen, il nous appartient d’embrasser chaque culture dans son ensemble.

Or, pour des raisons historiques ou culturelles, chacun de ces trois pays européens aborde la communication sous un angle différent. Les français sont passés maîtres dans l’art de la suggestion et de la communication indirecte, ce qui embarrasse les allemands lesquels sont plus à l’aise avec le factuel. Quant aux tchèques, bien qu’ils pensent privilégier une approche directe, ils suivent finalement le schéma français : ce qu’ils pensent être une évidence n’est pas toujours nécessairement énoncé.

De plus, dès qu’il s’agit de sentiments et de personnes, les tchèques et les français éprouvent le besoin d’établir des contacts et relations personnels dès lors qu’ils travaillent ensemble. Les allemands pour leur part ont une approche plus distante, estimant peu souhaitable de mélanger vie privée et vie professionnelle.

Les français aussi bien que les tchèques auront besoin dans un premier temps d’évaluer l’atmosphère générale avant d’aborder la question des affaires. Du point de vue allemand, ces préliminaires sont une perte de temps. Sous leur apparence sérieuse et parfois un peu brusque les allemands et les tchèques ont quant à eux besoin de considération et de respect, car bien qu’ ils ne montrent pas beaucoup d’émotions, ils les ressentent néanmoins intensément.

Charles de Gaulle demandait : “Comment gouverner un pays qui fabrique 365 sortes de fromages ?” Au-delà de la boutade, force est de constater que le respect de l’autorité et des règles n’est pas une priorité pour les français qui considèrent que l’une et l’autre entravent leur créativité et empiètent sur leur individualité. Par contre, les Allemands s’efforceront de respecter ces règles, facteur pour eux de gain de temps et d’efficacité. De plus, Allemands et tchèques aspirent à être corrects dans tout ce qu’ils entreprennent, détestent commettre des erreurs et chercheront des excuses si cela leur arrive. Les procédures allemandes sont ainsi prévues à la fois comme outils de gestion et comme méthode pour rectifier les erreurs.

Ces écarts culturels pourraient paraître, à première vue, insurmontables au quotidien. Mais que ce soit en politique ou dans le monde du travail, chacun a intérêt à favoriser la coopération et le compromis. D’ailleurs, de nombreuses sociétés qui ont relevé le défi sont parvenues à obtenir cette coopération de leurs salariés tchèques, allemands et français lesquels travaillent ensemble en bonne entente et obtiennent d’excellents résultats.

Comment y sont-elles parvenues ? en se donnant les moyens de réaliser des expériences-passerelles, des formations interculturelles, en encourageant une excellente connaissance de la langue et de la culture de chaque pays, et en cultivant autant que possible l’humour et la compréhension de l’autre culture.

Et peut-être aussi en demandant à chacun de s’interroger sur l’influence de la culture de son pays sur son mode de communication.

Originally published in La Lettre (Accueil Francophone).

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